“Black lives matter n’est pas un mouvement de personnes noires – Metoo n’est pas un mouvement de femmes – La marche des Fiertés n’est pas un mouvements d’homosexuels – C’est le mouvement de toute l’humanité – Un mouvement pour être accepté en tant qu’humains par les humains.”
Abhijit Naskar
Cela n’aura échappé à personne, même pas à ceux qui, comme moi, n’ont pas la télé. Les mentalités changent, les peuples opprimés se font entendre, à l’image du cri de la terre il y a quelques mois. Notre société est en profonde mutation. Ceux dont on a fait taire les voix, à cause de leur sexe, de leur couleur de peau, de leur choix religieux ou spirituel, de leur statut social, en ont assez de subir la violence, la haine et l’incompréhension.
Si dans mes rêves les plus fous, les contestations se font de manière plus pacifique – #hippieforever -, je ne peux que comprendre voire encourager ces gens dont les droits sont bafoués à cause de leur couleur de peau. Je suis moi-même profondément en colère de voir des êtres humains étouffés, assassinés, lapidés par des forces de l’ordre qui sont censés les protéger. Par des personnes qui ont décrétés qu’elles avaient moins le droit de vivre qu’un autre plus clair de peau. Par des gens qui savent qu’ils peuvent tuer en toute impunité puisqu’à ce jour, la plupart des policiers désignés coupables sont en liberté alors que leurs victimes dorment 6 pieds sous terre. Je suis aussi en colère, contre moi, contre le milieu d’où je viens, contre ce système dont je fais partie et auquel je participe, parfois malgré moi, parfois en le sachant très bien, et qui met ces gens en difficulté et en danger de mort.
Je ne pourrais jamais comprendre complètement. Je ne suis pas à leur place. Je suis une jeune femme, hétérosexuelle, blanche, mince, plutôt jolie, éduquée, riche (et si tu crois que tu n’es pas riche, je t’invite à comparer avec le reste du monde sur ce site). Je suis juste celle qui a subi quelques expériences désagréables mais pas tellement fâcheuses parce que dans ma situation de privilégiée, je n’ai pas été incarnée dans le corps d’un homme et que donc le sexisme est forcément passé par moi, comme 99% de mes consœurs.
Je n’ai jamais été mise de côté ou traitée différemment à cause de mes origines. Je suis celle qui à 25 ans ne comprenait pas quand son amie d’origine tunisienne lui disait qu’elle avait moins de chance d’obtenir un stage à cause de son nom de famille. Je suis celle qui tombe des nues quand un ami noir me dit qu’il a toujours sa carte d’identité sur lui car ne pas le faire, c’est prendre un risque. Je suis celle qui a les larmes aux yeux de voir des enfants de 4 ans apprendre à se mettre à plat ventre pour éviter de se faire tuer « par erreur » par la police parce qu’ils ne sont pas blancs.
Mais je suis aussi celle qui ne sera jamais victime de ce genre de traitement.
Quand le racisme est une normalité
J’ai grandi dans un milieu foncièrement raciste, comme beaucoup de villages reculés de France. Une partie de ma famille a des comportements et des propos racistes, bien qu’ils s’en défendent. Dans mon école, il y avait moins d’une dizaine de personnes avec une peau différente de la mienne. A part certains quartiers précaires, pas beaucoup de « zones à risques ». Celles-là, on les voyait à la télé, aux informations, dans les reportages poubelles sur M6 où tous ceux qu’on imagine issus de l’immigration sont associés à la délinquance. Et ce sont ces images télévisuelles qui alimentaient la haine de « ceux qui sont différents. »
J’ai grandi dans ce milieu et même si je ne me sentais pas raciste lors de mon adolescence, je n’avais quasiment que des amis blancs. J’ai donc développé un « racisme inconscient » en voyant les personnes de couleur à travers le prisme des clichés diffusés par les supports à ma disposition (séries, magazines, etc…). Oh, il y avait de la diversité, la diversité du quota bien pensant (n’y a-t-il pas une Spice Girl noire dans le groupe ? -_- ), mais aucune éducation, aucune immersion dans leur culture. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que je ne comprenais rien.
Sois un allié !
Le principal souci qu’on rencontre dans nos milieux privilégiés hétéronormés et blancs comme neige, c’est qu’on ne s’intéresse pas à ceux qui sont différents. On se regarde le nombril en disant « moi aussi j’ai des problèmes. » Ce qu’on ne réalise pas, c’est que nos problèmes à nous se multiplient par 10, 100, 1000 quand il s’agit d’une personne de couleur. En l’état actuel des choses, nous serons TOUJOURS privilégiés, nous les personnes non racisés. Et j’espère qu’un jour, ce ne sera plus le cas. Je ferais mon possible pour que ça arrive.
Comment faire que ça change ? Éduquons-nous. Portons leurs voix. Soyons des alliés. Refusons le racisme sous toute ces formes. Arrêtons le statut quo et utilisons notre place de privilégié pour faire de la place à ceux qu’on n’écoute pas d’habitude. Donnons du temps, donnons de l’argent, donnons du pouvoir. Posons-nous des questions
Aujourd’hui, grâce à l’actualité, je déconstruis. Je change. J’enlève les couches inconscientes de mon environnement raciste pour les remplacer par plus d’inclusion. Parfois ça pique de s’en rendre compte mais il est temps que le « bon homme blanc » se regarde dans un miroir et fasse amende honorable.
Éduquons-nous. Apprenons. Ne parlons pas « à la place de ». Prenons des engagements. Même si c’est imparfait. Il y a toujours un risque d’adopter des comportements racistes quand on est blanc. Le problème c’est de ne rien faire pour changer.
De la nécessité de s’éduquer
Si j’ai écrit cet article, aussi maladroit soit-il, c’est pour le faire comprendre et pour pousser les gens qui me lisent et qui font eux aussi partie des personnes privilégiées dans cette société à s’éduquer. Je l’ai répété 1000 fois dans l’article mais ÉDUQUONS-NOUS !
Ce n’est pas à nos amis de couleur de le faire, ils ont déjà assez de boulot et de difficultés à faire valoir leurs droits. Mais la culture et la connaissance est à la portée de tous, via les livres, via des films, des reportages, des témoignages. Car pour comprendre l’autre, il faut s’y intéresser (et ça vaut pour tous les domaines). Martin Luther King n’a pas existé seulement pour qu’on partage ces belles citations lors de nos envolées lyriques.
On a peur de l’inconnu, on a peur de ce qui nous met en inconfort, c’est ça qui provoque la haine : rester dans son incompréhension et tirer des conclusions avec des œillères.
Ce que j’énonce concernant le racisme se vaut aussi pour le sexisme, l’homophobie, la transphobie, le refus du changement sociétal et environnemental et tous ces trucs que tu voudrais mettre sous le tapis parce que ça met à mal ta petite vie tranquille où tes seules difficultés sont de perdre tes 5 centimètres de tour de taille ou d’avoir assez d’apport pour acheter un appart.
Il est temps mes amis de choisir l’amour, de choisir l’inclusion, de choisir le non-jugement, de choisir l’empathie. Il est temps de refuser la haine de l’autre parce qu’il est différent, de se regarder dans le miroir même quand ce n’est pas beau à voir, d’ouvrir des livres et des cahiers et de faire preuve d’intelligence. Chacun doit faire sa part.
Aujourd’hui, je m’engage à avoir le courage de parler fort pour défendre les droits de ceux qu’on opprime et de me taire quand ils doivent s’exprimer. Je m’engage aussi à réfléchir à la manière d’offrir plus d’inclusion et de diversité dans le milieu de la thérapie et du développement personnel.
Promis. Juré. Craché.
C’est donc le moment où je me tais et où je vous partage quelques ressources :
- « Lettre adressée à mes amis blancs qui ne voient pas où est le problème… » : l’article de Virginie Despentes qui nous remet à notre place.
- Pourquoi il faut en finir avec l’expression racisme anti-blancs ?
- Pourquoi le blackface n’est pas “maladroit” mais raciste (pour éviter d’être raciste à tes prochaines soirées déguisées).
- Le podcast Kiffe ta Race qui explore les questions raciales
- Mon article que j’ai remis en ligne et qui parle de 5 romans qui traitent du racisme et du féminisme : une bonne base pour commencer à s’initier sur le sujet (tu peux déjà miser sur tous les Maya Angelou, qui traitent à la fois du féminisme et du racisme).
- Le compte Instagram Mais non c’est pas raciste et Décolonisons-nous
- Le post Instagram d’Adeline Rapon avec une sélection de livres sur le sujet.
- En films romancés, tu as La couleur des Sentiments et 12 years of slave.
- En série, When they see us sur Netflix.
Et tellement d’autres…
Si tu as d’autres ressources pour s’éduquer sur le racisme, sens-toi libre de les partager en commentaire.
Note : si mes propos sont maladroits ou portent préjudices à une certaine partie de la population, je m’en excuse par avance. Vous avez tout à fait le droit de me le faire remarquer.
Crédit photo : TDG et comptes Instagram de Feminist et de Shirien.Creates