Hier, ça a fait 9 ans que le cancer m’a volé ma mère. Et j’ai oublié qu’on était ce jour. Et je suis heureuse d’avoir oublié.
J’entends souvent l’expression « faire son deuil » autour de moi, surtout venant de patients que je reçois et qui sont avides de laisser derrière eux toute cette douleur, cette tristesse, cette absence impossible à combler. Je leur explique que, pour moi, cette expression est vide de sens.
Il n’y a rien à « faire » dans le deuil. Il y a juste à vivre. Vivre le trou béant que laisse la personne qu’on a aimé et qui s’en est allée. Vivre la colère que la Vie ait osé nous la prendre et que désormais, nous devons continuer sans elle. Vivre ces jours où on a le goût de rien sinon de passer des heures à se rappeler combien on a aimé la connaitre et à pleurer sur tous ces moments qu’on ne partagera plus.
Et puis, un jour, revoir la lumière, construire autour de cette blessure, s’en servir même et se créer d’autres moments avec d’autres personnes qui deviendront eux aussi des piliers. Et être humble devant la mort car elle fait partie de ce grand huit qu’est la vie et qu’elle viendra nous rendre visite quand ce sera notre moment de partir.
C’est quand le deuil empêche de vivre qu’il faut alors embarquer pour aller dénouer ce qui se trame au fond de notre cœur et qu’on n’arrive pas à lâcher. Car ces êtres aimés qui brillent par leur absence préféreraient-ils qu’on creuse notre tombe à coups de larmes ou bien qu’on danse sur la leur en célébrant les jours qu’il nous reste ?
J’ai promis à ma mère, après son départ, que je remplirais ma vie à moi de jolies choses, que je n’attendrais plus pour m’émerveiller de magnifiques paysages, pour me gaver de tous les délices de la vie, pour dire à ceux que j’aime qu’ils ont leur place bien au chaud au creux de mon être, de ne plus troquer ma joie contre des fausses urgences.
Parfois j’oublie cette promesse mais elle ne rappelle à moi souvent. Car c’est là toute l’intention de vivre le deuil : sentir que l’absence nous nourrit, qu’elle a servit à quelque chose d’autre qu’à nous fendre le cœur.
D’ailleurs, n’est-ce pas grâce aux fêlures que la lumière peut s’infiltrer en nous ?
Si vous souhaitez vous faire accompagnez pour vivre un deuil en conscience et vous faire aider dans cette étape de votre vie, vous pouvez prendre RDV avec moi ici.